Jason Lamy-Chappuis sprinte vers l'or !

En remportant le titre olympique du combiné nordique, version "petit" tremplin et 10 km, dimanche, à Whistler, au terme d'une dernière ligne droite où il est allé «au bout de lui-même», selon ses propres termes, Jason Lamy-Chappuis est définitivement entré dans l'histoire du combiné nordique français, 18 ans après le sacre de Fabrice Guy.

Un «tueur». L'expression n'est pas de lui mais de Nicolas Michaud, le patron du combiné nordique français. Derrière ses allures de gendre idéal, Jason Lamy-Chappuis a définitivement prouvé, dimanche, au parc olympique de Whistler, qu'il était bien un tueur. Et, surtout, l'un des meilleurs combinés de l'histoire. Dix-huit ans après le sacre de Fabrice Guy, à Albertville, le skieur-sauteur de Bois d'Amont a de nouveau fait retentir la Marseillaise sur une aire de combiné. Une médaille d'or attendue, pas forcément si tôt dans la compétition puisque lui se voyait plutôt atteindre les sommets le 25 février prochain sur grand tremplin.

Inspiré par la médaille de bronze de Marie Dorin, la veille, et surtout par le titre olympique de Vincent Jay, quelques minutes plus tôt. « Je l'ai appris juste avant le départ du ski de fond et cela m'a donné confiance », confie-t-il -, Jason Lamy-Chappuis n'a pas laissé passer l'occasion de remporter sa première médaille olympique. La plus belle, dans l'épreuve du tremplin normal individuel et 10 km, au terme d'une journée où le natif de Missoula (États-Unis) sera passé par toutes les émotions.

S'il s'avançait en haut du tremplin dans la peau de l'homme à battre, dimanche matin, fort de son statut de leader de la Coupe du monde de la spécialité, la météo capricieuse allait quelque peu lui compliquer la tâche. « Aujourd'hui, seules les conditions pouvaient le battre », osera même Nicolas Michaud, une fois le titre en poche.

Si le soleil et un vent porteur étaient au rendez-vous lors de son saut d'entraînement maîtrisé (101 m), au cours duquel « il aura simplement cherché à appliquer ce qu'il sait faire, sans en rajouter » selon l'analyse du DTN de la Fédération Française de Ski, Fabien Saguez, c'est sous la pluie et en l'absence de vent que le Français, dernier en lice, s'élançait pour son saut de compétition alors que la plupart de ses adversaires avaient profité de conditions avantageuses quelques minutes plus tôt. Résultat, un saut “correct” selon lui, juste sur la ligne des 100 m (124 points), loin de son réel potentiel, et une 5e place au classement provisoire dominé par l'étonnant Finlandais Janne Ryynaenen.

« Après le saut, je n'ai pas vraiment douté mais je savais que je devais vraiment tout lâcher en ski de fond pour espérer une médaille », raconte Jason. « Plus que Ryynaenen, c'est sur les Américains Todd Lodwick (2e à l'issue du saut) et surtout Johnny Spillane (4e) que je devais calquer ma course. Je me doutais qu'ils allaient partir forts et l'objectif était de ne pas me laisser décrocher ».

Parti avec 46 secondes de retard sur Ryynaenen mais 12 secondes seulement derrière Lodwick et à 2 secondes de Spillane, le double médaillé de bronze mondial 2009 allait gérer sa course, se mettant tout d'abord un peu « dans le rouge » raconte-t-il, pour revenir se caler confortablement dans le peloton de tête. « J'ai alors pu me reposer, et j'ai senti que j'avais les jambes pour suivre », sans jamais tenter de prendre les commandes alors qu'on sentait pourtant, depuis le bord de la piste, que le garçon en avait sous les spatules, parfaitement affûtées par le staff. « La stratégie de course, Jason a ça dans le sang », reconnaît d'ailleurs Nicolas Michaud, admiratif devant la gestion de son protégé tout au long du parcours.

« Jason s'est laissé parfois décrocher pour récupérer. C'est là qu'on voit qu'il a énormément progressé en ski de fond cette année. On savait qu'il était capable de gagner une course grâce au fond, et c'est ce qu'il a fait aujourd'hui »

Pourtant, l'intéressé lui-même confesse « avoir douté dans la dernière bosse », lorsque le Japonais Norihito Kobayashi, suivi par Spillane et l'Italie Alessandro Pittin (3e au final), ont tenté de dynamiter la course. « A ce moment là, je me suis dit que je pouvais au mieux espérer le bronze, raconte-t-il. Mais dans l'aire d'arrivée et à l'entrée de la dernière ligne droite, j'ai vu qu'ils commençaient à ralentir et j'en ai profité en donnant tout ce que j'avais.»

C'est les bras levés, après avoir "sauté" l'Américain Spillane dans les derniers mètres, que “Jez”, son surnom, franchissait la ligne d'arrivée en vainqueur après 25'47”1 de course. Sa famille et ses proches, venus spécialement du Jura pour l'occasion, les regards embués, pouvaient entonner la Marseillaise dans l'aire d'arrivée.

Prochain rendez-vous pour le "tueur" Jason Lamy-Chappuis, l'épreuve par équipes le 23 février prochain. « C'est un très bel objectif. Si on décroche la médaille par équipes, ce serait une superbe récompense pour tout le travail que nous avons accompli ensemble ». Restera encore le final, l'apothéose sur le grand tremplin. « La, ce ne sera que du bonheur. Le bonus !».

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