Pierre Vaultier : "Tout est en place"

Pierre Vaultier règne actuellement sur la coupe du monde de snowboardcross. Une domination sans partage (quatre victoires et une deuxième place en cinq épreuves disputées cette saison) qui le voit déjà empocher le globe de cristal de sa discipline avant les jeux de Vancouver et la fin de saison. Le champion des Ecrins, qui avait dû s'arrêter une saison entière (2008-2009) à cause d'une fracture lombaire, est revenu encore plus fort et se présentera évidemment en grand favori sur les pentes de Cypress Mountain le 15 février prochain.

Quand on demande à Pierre Vaultier, 22 ans (il est né le 24 juin 1987 à Briançon), quel est aujourd'hui son secret, il répond « Il n'y en a pas ! », ajoutant « C'est la somme du travail et de l'état d'esprit qui font qu'à la fin, on est devant. Et je ne suis pas tout seul. Il y a le coach, toute l'équipe, notre technicien japonais Taka Kashiwasaki, un magicien qui nous prépare des planches qui fusent, et si ascendant psychologique il y a, on l'acquière en ayant une attitude de guerrier qui peut impressionner les rivaux. On peut le faire de manière plus soft aussi... », c'est-à-dire en connaissant une réussite insolente, comme à Bad Gastein le 10 janvier dernier, où Pierre Vaultier chute en finale. Il raconte la suite : « Je me relève et je repars avec les crocs, j'arrive à doubler deux concurrents, puis sur les talons du premier l'Américain Nate Holland. Il m'aura juste manqué 10 à 15m ». C'est la seule fois où le Français n'a pas reçu le bouquet du vainqueur cet hiver, mais il a en même temps marqué les esprits.

Une longue coupure

Vainqueur du globe de cristal de sa discipline à la fin de la saison 2007-2008, Pierre Vaultier repart sur les chapeaux de roue en s'imposant à Chapelco (Argentine) le 13 septembre 2008, mais, en décembre, à l'entraînement à Serre-Chevalier, il chute lourdement. Une fracture lombaire est diagnostiquée. Opéré à Grenoble, il va rater toute la saison. « Une longue coupure, qui m'a permis de faire le bilan de mon existence, de réfléchir sur le sport, sur mes études, de prendre du recul et d'envisager la suite. J'avais des directives très sévères sur la récupération, comme sur la façon dont je devais ‘rider' à ma reprise ».

Lorsque la saison olympique démarre, le 12 septembre 2009, toujours à Chapelco, Pierre Vaultier, complètement rétabli, s'impose une nouvelle fois. « Bref, j'ai quitté le circuit en leader, et je suis revenu en leader, sans transition. Je n'ai jamais douté de mes capacités à revenir. J'ai été surpris par la rapidité de ma remise à niveau. Je me suis retrouvé tout de suite en action, mais cette victoire inaugurale, il a fallu aller la chercher ! J'ai été touché et réjoui par ce que j'accomplissais d'entrée ». Enfilant les victoires comme des perles, Pierre note aujourd'hui « La confiance est revenue, j'ai pris un rythme, mais chaque course reste un combat. Rien n'est écrit à l'avance, je le répète. On ne part pas sur une course en disant « je vais la gagner ». Il ne le dit pas mais il le fait, et sur des terrains très différents. « La clé, c'est un parcours ludique où on se fait plaisir sans prendre trop de risques, où on peut jouer avec le terrain... ».

Un vrai leader

La position de Pierre Vaultier au niveau international lui donne aujourd'hui un certain poids. Il raconte ainsi son action à Veysonnaz (Suisse) mi-janvier. « Nous y avons trouvé une neige molle et un parcours de m... Je me suis déclaré prêt à boycotter la course, et j'ai été suivi. Les organisateurs ont pris les mesures nécessaires, ils ont "serré" le parcours, où du coup, nous nous sommes mis à aller vite. C'est la démonstration que tous ensemble, nous pouvons avoir du poids ». Qu'en sera-t-il à Vancouver, sur les pentes de Cypress Mountain ? « J'y ai couru en 2008. La piste me va bien et je m'y suis fait plaisir. C'est un parcours bien engagé, juste ce qu'il faut. Ce sera une belle olympiade... sous réserve de ce que sera la qualité de la neige. J'ai appris que les organisateurs travaillaient avec des bottes de paille pour « mouler » le parcours, et qu'ils comptaient amener de la neige par-dessus avec des hélicoptères. Bonjour le bilan carbone ! Je n'aimerais pas que l'on parle du « boarder » comme un sport qui pollue ! ».

Un ami en détresse

En cette fin janvier, Pierre Vaultier se montre très inquiet pour son meilleur ami, le « freestyler » Raphaël Astier, qui a lourdement chuté lors de l'épreuve de skicross de Lake Placid le 24 janvier et a dû être opéré dans la foulée des vertèbres cervicales. Il n'est pas sûr qu'il puisse remarcher. « C'est terrible. Je suis au fond du trou. Il ne fallait pas faire un parcours comme cela, tracé à l'arraché, avec des coureurs qui dévalent à mach 12 et des modules de malades. Il faut que tous les riders se concertent pour valider ou ne pas valider les parcours. J'ai vraiment les boules ».

Un programme chargé

Très angoissé par l'état de son ami, le désormais double vainqueur de la Coupe du monde de snowboardcross dispose de quelques jours de repos avant de retourner en Amérique du nord à partir du 3 février, pour participer à un stage préolympique avec les "freestylers" à Mount Bachelor dans l'Oregon. Puis tout va s'enchaîner. « Le globe du cross, c'est fait. Maintenant, je vais essayer d'aller chercher le classement général de la Coupe du Monde, ce serait une grande première. Seuls les surfers « alpins » on réussi à gagner le gros globe jusqu'à présent. Cela suppose pratiquement de s'imposer à chaque fois. Mais mon objectif principal, c'est la médaille à Vancouver. Actuellement, tout roule, tout est en place, rythmé, minuté. Il ne faut pas qu'un grain de sable vienne dans l'engrenage, mais nous saurons souffler dessus au besoin. Je n'ai plus qu'à garder le rythme... »









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